Nous avons été trop politique (ou la nounou et le paysan)

La pétition pour la candidature de José Bové a recueilli en quelques jours plus de 7000 signatures, soit plus que la pétition pour des candidatures unitaires du 11 mai. Comment une candidature "isolée" peut-elle avoir plus de soutien que le rassemblement unitaire ?

LE LIBÉRALISME N'EST PAS UNE DOCTRINE POLITIQUE, C'EST UN MODÈLE /index que l'on peut appliquer à tout et à n'importe quoi : à la politique, à l'économie mais aussi aux rapports sociaux entre les individus, au mode de vie, à la démarche artistique ou scientifique,... [2]

À partir de là, CONCEVOIR NOTRE MOUVEMENT COMME UN MOUVEMENT POLITIQUE ÉTAIT UNE ERREUR. Nous n'avons rassemblé que la frange politique de ceux qui luttent contre le libéralisme, c'est-à-dire la partie émergée d'un iceberg.

Comment ne pas voir les centaines de milliers de personnes qui luttent quotidiennement contre le libéralisme en dehors de la sphère politique, dans les mouvements du logiciel libre, des déboulonneurs de pubs, des enfants de Don Quichotte, du commerce équitable, du réseau éducation sans frontière, des associations de défense de l'environnement, etc, sans oublier les artistes, les poètes, les rêveurs, les créatifs [3], les idéalistes ? Ce sont eux qui signent pour José.

De même, un programme politique n'est pas suffisant pour affronter le libéralisme. Notre programme (les 125 propositions) est politique, il n'introduit ni mode de vie, ni courant artistique. Il ne définit pas un nouveau modèle pour remplacer le libéralisme et ne fait qu'adapter ce dernier (certe plus radicalement que le programme socialiste).

De même lorsque Buffet dit à Bové de "s'occuper des problèmes des salariés", elle a tort : LES GENS VEULENT UN EXEMPLE, PAS UNE NOUNOU. Maison écolo, paysan alors qu'il a fait des études... José Bové incarne un mode de vie différent. Aujourd'hui les nouveaux modèles viennent de l'altermondialisme, de l'écologie radicale, de la décroissance. Le PCF, lui, n'a plus de modèle depuis la chute de l'URSS.

Il faudra choisir, car les "antilibéraux apolitiques" ne se rangeront pas derrière les partis. Et si les partis ne changent pas leur position en 2007, ils ne la changeront pas après, car nous avions pour 2007 un contexte très favorable (la victoire du Non), et ils ont déjà connu des désastres électoraux (les 3% de Robert Hue). Mais y a-t-il plus de gens qui militent dans les partis, ou plus de gens qui refusent catégoriquement de se ranger derrière les partis ?

D'où ma conclusion : NOUS NE DEVONS PAS LAISSER LE MONOPOLE DES URNES, NI AUX PARTIS, NI À LA POLITIQUE ! Nous avons le devoir de déboucher sur quelque chose, sous peine d'accroître la désaffection pour les élections, et donc le vote d'extrême droite et l'abstention.

[1] voir http://fare.tunes.org/articles/liberalisme.html#Qu_est_le_liberalisme

[2] à titre d'exemple, la manière dont le rassemblement unitaire a regroupé des militants organisés et des inorganisés sans tenir compte de cette différence, est fondamentalement libérale. Nous avons mis ensemble le PCF et des individus non organisés, et nous leur avons dit "militez à armes égales !", de la même manière que l'OMC met ensemble les USA et les pays du Tiers Monde et leur dit "commercez à armes égales !". Mais les règles qui s'appliquent à une organisation ne peuvent pas être les mêmes que celles qui s'appliquent à un individu.

[3] voir http://www.grainvert.com/article.php3?id_article=25_mode=recalcul