Test de Limes et de Sultaniya

Deux jeux de "placement de tuiles" (ou de cartes, selon l'épaisseur du carton). Entre Limes, un jeu de carte quasi-minimaliste, et Sultaniya, une grosse boîte débordant de carton, cette comparaison ressemble un peu à David contre Goliath...

Limes

Le jeu se compose de cartes carrés de 4 cases, chacune pouvant être un champ, un lac, une forêt ou une montagne. Au cours du jeu, 16 cartes seront utilisés et placé les unes après les autres pour former un grand carré de 4x4, et 7 pions ("meeples") seront placés sur les régions ainsi formés. En fin de partie, chaque région comprenant un pion rapportera des points, qui seront calculés de manière différente selon le type de région :

  • les champs rapportent 1 point par case de champ

  • les lacs rapportent 1 point par cabane de pêcheurs au bord du lac

  • les forêts rapportent 1 point par région adjacente (champ, lac ou montagne, chaque montagne étant considéré comme une région séparée même si deux montagnes se touchent)

  • les montagnes (avec leur tour de guet) rapportent 1 point par forêt sur la même ligne ou colonne

Chaque joueur construira son propre paysage de 4x4 cartes, mais en utilisant les mêmes cartes. La boîte permet de jouer à 2, mais il est possible d'augmenter le nombre de joueurs avec plusieurs boîtes !

Limes est disponible en allemand, et la traduction des règles en anglais se trouve facilement sur Internet. A noter que Limes est très proche de Cities, du même auteur, mais avec quelques variantes et des dessins plus jolis (à mon goût). L'auteur propose aussi des variantes additionnelles sur son site.

Au final, malgré des règles minimalistes, le jeu s'avère subtile et riche en possibilités. Réaliser un champ ou un lac de très grande taille est tentant... mais restera-t-il assez de place pour "caser" les 6 autres pions sur des régions interressantes ? Ne vaut-il pas mieux 7 bonnes régions qu'une excellente et 6 médiocres... ?

Points positifs :

  • Le côté minimaliste

  • La richesse du jeu

  • Un jeu fondamentalement abstrait, mais avec un thème qui colle bien aux règles de score

Points négatifs :

  • Peu (voire pas) d'interaction entre les joueurs... mais ce n'est pas forcément dérangeant en soi

Sultaniya

Le jeu propose de construire un palais en assemblant des tuiles de carton. Les décors sur les tuiles devront bien évidemment se suivre, à la manière d'un puzzle. Mais, de plus, les joueurs marqueront des points en fonction des éléments présents sur leur palais. Chaque joueur choisira un personnage au début du jeu, qui lui donnera le début de son palais (l'espace de trois tuiles derrière le dessin du personnage) et les éléments sur lequel il marquera des points : fenêtre ou tourelle, dôme ou jardin, porte ou minaret.

Le matériel est superbe, les palais bien dessinés, tout comme les quatre figurines de Djinns translucides et les saphirs qui servent de monnaie. Cependant, l'intérêt de ce matériel, autre qu'esthétique, n'est pas évident : en particulier le rôle des figurines de Djinns est quasi-annecdotique !

La vraie bonne idée du jeu est l'utilisation de la perspective : plus l'on monte dans la construction, plus les éléments sont petits, et sur le quatrième et dernier étage, il y en aura plus : par exemple deux fenêtres au lieu d'une. Il y a donc une sorte de "course au dernier étage" (qui malheureusement nuira souvent à la qualité ethétique des palais obtenus... les plus beaux palais ne sont pas toujours ceux qui rapportent le plus de points).

En revanche, l'utilisation des différents personnages apporte finalement très peu au jeu : selon le personnage, on marquera des points en construisant des portes ou des minarets, mais la "mécanique" par derrière sera exactemen la même, seul le dessin changera... C'est d'autant plus dommage que bien d'autres objectifs auraient pu être proposés, par exemple réaliser des éléments de symétrie dans son palais ou disposer d'au moins un élément de chaque type. Par ailleurs, à trois joueurs il sera quasi impossible d'équilibrer le jeu : deux joueurs se battront pour contruire des portes, tandis que le troisième sera seul sur les minarets (ou l'inverse). Le côté "puzzle" aurait lui-aussi dû être plus développé, par exemple en accordant des points aux joueurs qui parviennent à achever la totalité du palais.

Au final, oh les jolis saphirs ! Le jeu ressemble à une sorte de puzzle, mais sans le challenge de le compléter, il suffit de placer un maximum de portes et de jardins... Oh la superbe figurine de Djinn ! Tiens, avec ce perso je dois construire des dômes au lieu des jardins, mais bon ça ne change pas grand chose... Je commence à m'ennuyer là...

Points positifs :

  • Le matériel superbe

  • L'utilisation de la perspective

Points négatifs :

  • Le matériel superbe... et peu utile

  • Le côté répétitif, les différents personnages ne renouvelant pas réellement le jeu

  • Les parties souvent déséquilibrées, notamment à trois

Conclusion

Ma préférence personnelle va à Limes, qui propose un jeu minimaliste mais bien conçu et plus riche. Sultaniya, malgré l'utilisation habile de la perspective et un matériel sublime, ne parvient pas à me convaincre car plus basique (ou moins cérébral, selon !), et assez répétitif. Sultaniya pourrait cependant plaire aux joueurs qui recherchent plus d'interaction, et moins de réflexion (ainsi qu'aux figurinistes...).

Charte Gus and co : les deux jeux ont été achetés de ma poche. Il n'y a pas de publicité sur mon site.