Test de Shadows of Malice
L'histoire
Tout allait bien dans le royaume d’Aethos, mais voilà que Xulthûl est de retour... Xulthûl, cela ne vous dit rien ? Le démon ténébreux ? On dirait que les gens d’aujourd’hui ont oublié bien des secrets du passé... Avez-vous aussi oublié les puits de lumière qui ont permis de bannir Xulthûl et de l’enfermer au royaume des ombres, il y a des éternités de cela ? Ah, vous avez aussi oublié d’entretenir les puits ? Et vous avez laissé les gardiens qui les surveillaient devenir des créatures sauvages et féroces, et certains puits ont même été souillés ? Alors faut pas vous étonnez si des ombres s’échappent du royaume des ténèbres et cherchent à corrompre les derniers puits restant, pour préparer le retour de Xulthûl !
Shadows of Malice est conçu et illustré par l’américain Jim Felli et édité par Devious Weasel Games. C’est un jeu (100%) coopératif médiéval-fantastique pour 1 à 8 joueurs sorti l’été dernier.
Ce n’est certainement pas un jeu à mettre entre toutes les mains : tout d’abord, le jeu n’est disponible qu’en anglais. Ensuite il s’agit d’un gros jeu, difficile à trouver, et le style graphique pourra paraître un peu “aride” si vous êtes habitués au luxe des jeux récents. Mais si vous aimez le jeu de rôle “old school” et qu’au collège, votre prof d’anglais se demandait pourquoi votre vocabulaire incluait les mots “axe”, “hammer”, “maul” et “flail”, ce jeu pourrait vous plaire.
Dans Shadows of Malice, vous incarnez des avatars de lumière qui descendent sur Aethos dans une ultime tentative, un peu tardive, de repousser Xulthûl. Rendez visite à des ermites mystiques qui vous fabriquerons des potions, commercez dans les cités, empruntez des portails magiques, affrontez des monstres pour piller le trésor qui dort dans leur antre, repoussez les ombres qui surgiront du royaume des ténèbres, et défiez les gardiens des puits de lumière ! Si vous parvenez à libérer tous ces puits, la victoire est à vous. Mais si une ombre parvient à s’emparer d’un puits de lumière, elle utilisera son énergie pour réincarner Xulthûl et vous devrez alors l’affronter (on vous souhaite bonne chance !)...
Le jeu
Chaque avatar possède un pouvoir qui lui est propre, tiré au hasard parmi une vingtaine de cartes. Lors de la partie prise en photo ci-dessous, le premier avatar est un “lanceur de portail” (gate caster) : il peut utiliser les portails magiques sans jet de dés, et peut utiliser un cristal jaune pour se téléporter immédiatement sur le portail de son choix. Le second avatar est un “faiseur de vie” (life shaper) : il regagne deux points de vies chaque tour et peut dépenser un cristal vert pour guérir son groupe. Le troisième est le gardien des malédictions (curse warder) : il est immunisé aux cartes Malédiction et peut dépenser un cristal noir pour retirer une malédiction d’un autre joueur.
Chaque avatar dispose aussi d’un équipement. Voici l’équipement de départ de nos trois avatars : le premier possède les gants des titans (gros bonus de dégât !) et une potion de défense contre les attaques élémentaires. Le second a un parchemin de métamorphose qui lui permet de prendre une capacité spéciale à une créature en combat, un effet puissant mais malheureusement utilisable une seule fois, ainsi qu’une potion de protection contre les capacités noires des créatures. Le troisième commence avec un bouclier mordeur (shield of biting en anglais, bonus de protection et de dégât) et une autre potion de défense contre les attaques élémentaires.
Il y a en tout 5 types d’objet (arme, armure, accessoire, vêtement et parchemin), et chaque avatar peut avoir un objet de chaque type. L’un des premiers objectifs pour survivre sera donc de se procurer un “ensemble” complet pour chacun. En faisant les boutiques ? Hum, non, plutôt en visitant des antres de monstres bien achalandées. Ce sont les jetons orange avec une empreinte de patte sur la carte, et les avatars sont représentés par les jetons ovales aux symboles étranges (c’est le côté abstrait du jeu !).
Mais ne traînez pas trop dans les antres, car au royaume des ténèbres, les ombres commencent à bouger ! Celles-ci naissent au centre et se déplacent aléatoirement ; lorsqu’elles atteignent un portail elles entrent sur la carte d’Aethos et se dirigent droit vers les gardiens des puits de lumière (les symboles avec 4 petits carrés blancs sur la carte) et ce sera à vous de les arrêter. Les ombres se renforcent aussi à chaque tour passé au royaume des ténèbres, de sorte que celles qui mettront le plus de temps à sortir seront aussi les plus redoutables !
Les avatars peuvent se déplacer individuellement, ou se réunir en groupe. Dans un groupe, on retiendra pour le jet de déplacement la valeur la plus basse des membres du groupe, mais pour les jets de combat, on gardera la plus élevée. Il y a donc un choix important à faire entre mobilité et force de frappe. De plus, ce système permet de jouer avec un grand nombre de joueurs (jusqu’à 8, configuration non testée cela dit), ceux-ci jouant alors par petits groupes de 2 ou 3 avatars.
Les combats, justement, vous opposerons à des créatures perverties par Xulthûl et générées aléatoirement. Voici un premier exemple de créature, rencontrée dans les plaines. Les dés indiquent qu’il s’agit d’un mammifère (Mammal), de niveau 1 (power) et donc avec 2 points de vie. Elle a aussi une capacité spéciale, tempétueux (thunderous) : la créature pousse des cris terribles et démoralisants, qui donne une pénalité au jet d’attaque. Ensuite, c’est au joueur de “donner forme” à la créature en la visualisant. Par exemple ici, un tigre rouge rugissant.
Les combats obéissent à des règles assez classiques. L’ensemble du combat se déroulent en plusieurs rounds, la totalité du combat étant résolue dans un même tour de jeu. Un jet d’attaque, en opposition avec la créature, permet de savoir qui touche son adversaire, et ensuite un jet de dégât permet de déterminer le nombre de points de vie perdues. Les jets de dés utilisent des dés à 6 faces (D6) mais aussi des “dés étoiles (D*)” binaires, chaque D* donnant 0 ou 1. On utilise pour cela les petits dés, 1, 2, 3 valant pour 0 et 4, 5, 6 pour 1. Un bon coup de bouclier mordeur aura donc vite fait d’écraser la petite créature de niveau 1 !
Voici une autre créature, rencontrée dans les montagnes. Il s’agit cette fois d’un terrarien, c’est à dire une créature de pierre, de niveau 3 et donc avec 6 points de vie. Et une capacité spéciale, paralysie des âmes (soul freeze) : lorsque la créature touche un joueur en combat, celui-ci doit réussir un jet de chance ou être paralysé. C’est une capacité noire, contre laquelle la potion du second avatar s’est avérée bien utile ! J’imagine cette créature comme un golem de cristaux glacés... et, cette fois-ci, niveau 3 et 6 points de vie, ça ne rigole plus... Mais une fois vaincues, ces créatures vous permettront de récupérer trésors et cristaux magiques. Le générateur de créature sera aussi l’occasion de réviser votre biologie. Par exemple, savez-vous ce qu’est un ichtyen (Ichtyic) ?
Le matériel
Passons au sujet qui pourrait fâcher, celui des illustrations. Hormis la carte du royaume d’Aethos, les dessins restent simples et la présentation des cartes n’est pas des plus sophistiquées. C’est sûr, on est bien loin des productions actuelles en matière de jeu, avec leurs illustrations léchées, hyper-détaillées et souvent trop sombres. À notre époque “matérialiste”, le matériel de Shadows of Malice pourrait déplaire... mais pour ma part, j’aime autant ce style rétro “à l’ancienne”, simple, lisible, coloré, et souvent plus audacieux et amusant. D’ailleurs ce bouclier mordeur a quand même bien de la gueule (ha ha) !
À part cela, le matériel est abondant et la boîte est pleine de dés, de cristaux multicolores, de jetons en carton (de bonne qualité) et de cartes, et il y a aussi 5 grands hexagones pour former la carte du royaume d’Aethos. Le jeu permet de moduler la durée (de 2 à 6h) en fonction du nombre d’hexagones. Il est annoncé à partir de 2 joueurs, mais se joue très bien en solo, il est juste recommandé de jouer une équipe de 2-3 personnages dans ce cas-là.
Notons aussi que le jeu accompagne systématiquement l’usage de couleur à des pictogrammes géométriques, ce qui devrait permettre aux daltoniens de jouer sans trop de problèmes (reste cependant la question des cristaux en plastique coloré).
Conclusion
Au final, Shadows of Malice est vraiment la quintessence d’un type de jeu, à la croisée du jeu de rôle “old school”, du “land-crawling”, du jeu de voyage et d’affrontement fantastique contre les forces du mal. On y retrouve tous les ingrédients indispensables : trésors, monstres féroces, ombres venues des ténèbres, le tout associé à des règles relativement simples (pour ce type de jeu) et une rejouabilité importante de part le grand nombre de cartes et la génération aléatoire des créatures.
Ah, et pour information, un ichtyen c’est tout simplement un poisson (maintenant ce sont vos profs de biologie qui vont se poser des questions, c’est malin !).
Points forts :
Tous les bons ingrédients du genre
Durée de vie importante
Laisse une grande place à l’imagination
Très bon en solitaire
Point faible :
Des combats parfois un peu longs (comment, cette créature a 8 points de vie, une régénération et un exosquelette ?)
Charte Gus and co : le jeu a été acheté de ma poche. Il n'y a pas de publicité sur mon site. Cette article a été initialement publié sur LudoVox.