Appel à voter -- Enjeu pour le second tour
Vote utile ou vote tout court ?
Contraitement au premier tour, ne pas voter Ségolène ne permet pas de voter pour quelqu'un d'autre. Voter pour Ségolène au second tour, ce n'est pas un vote utile, c'est un vote tout court.
Le vote blanc, ça ne compte pas !
Les votes blancs n'étant pas comptabilisés, voter blanc revient à voter nul.
Le vote nul, c'est nul !
Certains ont pour mot d'ordre "voter Bové aux deux tours". Qu'y gagneront-ils sinon l'éphémère satisfaction de leur égo personnel ?
Et si 80% des électeurs voteraient Bové au second tour ? Éh bien ces votes nuls ne comptent pas, et le candidat élu (a priori Sarkosy vu que les votes de gauche se seraient gaspillés en votes nuls) gouvernerait pendant 5 ans d'une main de fer. Ce n'est pas démocratique ? Mais l'élection de Chirac en 2002 était-elle démocratique ? Est-ce que ça l'a empêcher de gouverner jusqu'au bout ?
Abstention, piège à con !
On dit que les élections sont des pièges à con. C'est vrai. Mais le piège à con, ce sont bien les élections, et pas le fait d'aller voter. Ceux qui s'abstiennent tombent tout autant dans le piège : quel que soit le candidat élu, il sera le président de tous les français, même de ceux qui se seront abstenus. Le jeu de l'abstention est dangereux : voir par exemple ce qui s'est passé récemment au Mexique (la gauche radicale appelle à l'abstention, le candidat de gauche molle échoue de peu face à la droite, les deux gauches s'unissent dans la rue, le soufflé retombe, la droite dure a gagné).
Enfin, s'abstenir alors que des milliers d'immigrés rêveraient de pouvoir voter ? Ce serait faire preuve d'un incroyable mépris à leur égard. Pourquoi ne pas proposer à un jeune immigré de voter à sa place pour le candidat de son choix ? Ce serait un acte de désobéissance civique en faveur du droit de vote des étrangers !
Faire perdre Ségolène ?
Nous sommes des militants, nous avons des papiers et le droit de vote. Nous sommes des privilégiés. Avons-nous le droit de cracher dans la soupe ? Tandis que d'autres seraient aux premières loges pour en subir les conséquences, ceux qui n'ont pas le droit de vote et que l'on arrête à la sortie des écoles, ceux qui ne sont pas des militants et qui, contrairement à d'autres, n'ont pas les réseaux, les connaissances ou la débrouillardise qui permettront de survivre à cinq ans de droite très dure.
Si Sarkosy est élu ?
Si Sarkosy est élu, on peut lui faire confiance pour tenir parole : généralisation des OGM, construction de nouveaux EPR, légalisation des brevets logiciels, politique ultra-libérale et ultra-répressive.
Si Sarkosy est élu, il n'y aura pas de recomposition de la gauche dans le sens qui nous est favorable : en 2012, il y aura une très large coalition pour chasser Sarkosy, qui ira de l'UDF au PCF voire à la LCR. Cette coalition se fera sur une position de gauche très libérale, par exemple derrière Bayrou. C'est ce qui s'est produit en Italie pour chasser Berlusconi.
Enfin, si Sarkosy joue les dictateurs, je ne suis pas certain qu'il y aura une nouvelle élection présidentielle en 2012... ou alors sur des machines à voter truquées !
Et si Sarkosy est vaincu ?
Il ne vit que pour être président. Et si, au dernier moment, la place lui échappait ? Il péterait les plombs ! Et si cela a lieu devant les caméras, il pourrait bien discréditer durablement non seulement sa personne mais aussi son parti et ses idées...
Si Ségolène est élue ?
Il reste un peu de rose au PS. Il y a un clivage libéraux- antilibéraux, et Ségolène comme Sarkosy sont des libéraux. Mais il y a d'autres clivages : le traditionnel clivage droite-gauche, qui sépare plus ou moins les deux candidats. Le clivage entre les écologistes et les non-écologistes. Et puis il y a le clivage entre la démocratie et les fachos... Ne prendre en compte qu'un seul de ces clivages serait absurde.
Parmi les points positifs du programme de Ségolène : une 6ème république avec "une dose" de proportionnelle aux législatives (ce qui permettra la représentation de la gauche antilibérale à l'Assemblée), un moratoire sur les OGM et sur l'EPR, le refus des brevets logiciels,... Certe c'est insuffisant, et les promesses ne seront sans doute pas toutes tenues.
Ségolène peut être élue : lors du premier tour, 53,32% des électeurs se sont prononcés pour un candidat prônant une 6ème république parlementaire. Tout comme aujourd'hui, le Front Populaire râtissait très large, du PCF au centre (les "radicaux"), il s'opposait à une droite très dure voire fasciste, et il était dirigé par un modéré (Léon Blum). Si Ségolène est élue, un nouveau Front peut naître, poussé par une nouvelle opposition antilibérale unie à sa gauche.